Affiche de Evil Dead

Quand le remake d’Evil Dead est sorti au cinéma en 2013, je n’avais pas encore vu la trilogie originale de Sam Raimi. J’étais déjà tombé amoureux du genre horrifique à l’époque, mais la bande-annonce me terrifiait déjà bien assez (de la bonne manière !) pour que je me rue dans les salles obscures pour voir le film. Elle m’intriguait toutefois énormément, et bien que j’aie finalement vu le film seulement quelques années après et une fois la trilogie originale visionnée, j’avais toujours en tête cette bande-annonce qui m’avait tant choqué à l’époque et j’étais très curieux de me faire un avis sur le film entier.

Tout ça pour dire que la première fois que j’ai vu le film “pour de vrai”, j’étais déjà fan de la trilogie originale, mais j’y allais tout de même avec un a priori positif provenant de mon visionnage de la bande-annonce au moment de la sortie. L’idée de remake ne me semblait donc pas être une hérésie (ce qui aurait pu être le cas si j’avais été fan de la première heure, je le conçois), et j’espère que cela m’a permis d’avoir un regard un peu plus honnête sur ce film. Une horreur au goût du jour

Si l’une des critiques faciles que l’on pouvait faire à Evil Dead 2 était qu’il n’était qu’une simple remise à niveau du premier au goût du jour de l’époque (ce qui est faux, je vous laisse lire ma critique précédente pour vous en convaincre), c’est une description assez fidèle de ce Evil Dead version 2013. Mais attention, on parle ici d’un remake des plus nobles, et on voit bien que Fede Álvarez connaît et aime la franchise. Alors, que fait Evil Dead 2013 pour rafraîchir le Evil Dead original ?

Eh bien tout d’abord, et comme souvent dans les remakes de films d’horreur de l’époque, une recontextualisation s’impose. Et je parle littéralement de recontextualisation au sein même du film – on ne peut plus se permettre de juste lancer au spectateur “ce sont 5 mômes qui vont passer un week-end dans une cabane”, il faut plus d’épaisseur aux personnages. Et le prétexte trouvé est génial, ce sont 5 amis qui vont faire une retraite dans les bois pour aider l’une d’entre elles à se sevrer et à abandonner la drogue. Non seulement cette idée nous permet de nous investir émotionnellement dans l’histoire des personnages de manière plus immédiate, elle donne aussi une explication claire et concise de l’entêtement des amis de notre héroïne à ne pas la croire quand elle commence à parler de possession et d’entités démoniaques. Simple, mais diablement efficace !

Les mécanismes de l’horreur utilisés dans le films ont eux-mêmes été modifiés pour mieux convenir à un public contemporain. Oubliées les possessions mesquines visant à pousser un personnage particulier au désespoir, et bienvenue dans un pur film de body horror ! Les possédés n’ont plus par essence le visage déformé et les membres putrides, ils s’infligent eux-même ces déformations avec tout ce qui leur tombe sous la main, le plus souvent en gros plan (qui aurait cru qu’on pouvait utiliser un cutter de cette manière !). Âmes sensibles, s’abstenir…

Tant de douceur dans ces magnifiques yeux… jaunes.

Tant de douceur dans ces magnifiques yeux… jaunes.

Un bon film d’horreur ou un bon Evil Dead ?

On pourra me dire que c’est justement ce qui a été changé qui me plaisait tant dans le premier Evil Dead, et que mes opinions ne sont pas très cohérentes. Ce à quoi je répondrai : quel est l’intérêt de faire un remake si c’est pour refaire exactement les mêmes choses ?

Ainsi, ce qu’on perd en originalité, on le gagne en pur choc, et il ne faut pas oublier que c’était là le but premier du Evil Dead original. L’horreur qu’on éprouve face aux auto-mutilations montrées est indéniable, et surtout elle est efficace ! En ce sens, Fede Álvarez a tout compris de son propre film, et nous pond une entrée qui s’insère parfaitement dans la série des Evil Dead, tout en cuisinant les ingrédients à sa propre sauce.

Les clins d’oeil et autres références aux précédents films ne manquent pas par ailleurs (on pensera notamment à la Oldsmobile de Sam Raimi, bien implantée dans le décor !), et le final – que je vous laisse découvrir par vous même – finira de nous convaincre qu’on est bien face à un membre de la famille Evil Dead, et qu’il mérite amplement sa place dans votre vidéothèque à côté du reste de la saga. C’est un film qui n’a pas la prétention de révolutionner le cinéma d’horreur, mais qui connaît ses forces et les joue à fond.

Après avoir professé à voix haute mon amour du film, je finirai cette critique sur une note douce-amère. Tous ceux qui ont eu le courage de rester jusqu’au bout du générique auront vu que le film n’était finalement pas tant un remake de l’original qu’une suite de la saga originale (un peu comme Evil Dead 2 donc). On y voit en effet un Ash dans la pénombre se tourner vers la caméra et prononcer son fameux “groovy”. Le plan de l’époque était apparemment de sortir un Army of Darkness 2, puis une suite au Evil Dead de Fede Álvarez, et enfin un film somme dans lequel Mia et Ash se rencontreraient (comme je le disais dans ma critique d’Invisible Man, les années 2010 étaient les années de l’univers cinématographique partagé !). Le projet n’est malheureusement plus à l’ordre du jour, et la série Ash vs. Evil Dead, sur laquelle je reviendrai peut-être un jour si je la finis, semble avoir fini d’enterrer l’idée. Dommage !